Bonjour à toutes et à tous,
Nous avons trouvé cet article intéressant et souhaitons le partager avec vous. C’est un bel hommage rendu aux mères kabyles d’antan. Vous trouverez, en fin de page, la source de cet article ainsi que la vidéo de de la chanson, « Yemma th-dda hafi » de Bélaïd Tagrawla, proposée par l’auteur.
Bonne lecture et bien à vous.
Timlilith-IB.
« Au commencement, c’était elles. Pas une de leur âge a connu les bancs de l’école. Puis même, ce fut l’école dans la langue de l’occupant tant de la première vague que de la deuxième. Acculées vers les montagnes, où elles trouvèrent un compromis avec la nature, elles s’y établirent et opposèrent une résistance de marbre a tout ce qui fut hostile à leur existence. L’environnement linguistique local était propice.
L’exercice de la langue le fut beaucoup dans l’oralité et le conte. Qui de nous ne s’était pas abreuvé et enrichi de vocabulaire à la lecture d’un conte durant ces soirées d’hiver figées dans la neige que ces Mères veilleuses guidèrent de main de maîtresses.
Le célèbre Idir a passé le clair de son parcours à côté de la cheminée et de la mezzanine «Thakana ou thaarichth» pour nous faire revivre en beauté et en images subliminales toute cette belle époque d’où partirent nos repères fondamentaux.
L’école ce fut la rue, la djemaa, la fontaine, le champ d’oliviers où elles semèrent à tout vent ces valeurs qui ont fait des générations entières de bons et dignes élèves dans la langue de Massinissa. A quelques nuances près, les villages parlèrent le même langage : celui de la dignité, du Vivre ensemble, du respect de l’autre, du don de soi.
La société avait son code moral et son règlement intérieur, parfois écrit comme c’est le cas de Taourirt Amokrane à Larbaa Nath-Irathen, un des plus grands villages de Kabylie ( plus de 15 000 habitants) et qui fonctionne comme une mini-république.
Zrigh yelis budhrar…
Ces Mères veilleuses sont allées jusqu’à transcrire, leur génie aidant, des bribes ou signes de leur parler sur des réalisations artisanales (poteries, tapisseries, bijouterie…) pour assouvir leur soif d’apprendre sur le chemin d’une école qui leur ferma ses portes à l’orée de leur tendre enfance.
Elles n’ont pas baissé les bras, au contraire, elles donnèrent le meilleur d’elles-mêmes pour contrer cette frustration et ce déni de savoir. Elles inventèrent leurs tenues, leurs mangers, leurs vocations en composant avec leur simplicité, leur fierté d’être ces créatures, proches des étoiles et dont le nom reste évocateur dans la mémoire de celles et de ceux qui ont tété au sein de leur sagesse.
Elles se sont rabattues sur l’oralité où des mots et des images rhétoriques, tirées sagement du quotidien qui inspirèrent plus d’un poète qui, à leur tour apportèrent leur précieuse contribution à la pérennité de cette langue qui ne finit pas d’essuyer les coups de sabres de l’adversité.
Qui ne les a pas chantées et glorifiées ? Tagrawla, Ferhat, Matoub, Abranis, Lounis, Zohra, Idir, Ben Mohamed, Nora, Groupe Djurdjura, Chérif-Kheddam…pour qu’elles restent à jamais celles auxquelles nous devons tout. Tout le reste n’est qu’affaire de destin.
« Yemma th-dda hafi »: la miènne, une chanson emblème de BélaidTagrawla »
http://www.dailymotion.com/video/x87zns_tagrawla-yemma-tedda-hafi-clip-kaby_music
Source de l’article : http://letizi-roche.blog4ever.com/kabylie-hommage-a-ces-meres-veilleuses